Il y a deux ans, le modèle et terme de Permaentreprise était encore inconnu des entreprises. Depuis le lancement du livre « La Permaentreprise, un modèle viable pour un futur vivable, inspiré de la permaculture » écrit par Sylvain Breuzard et illustré par Etienne Appert, ce nouveau modèle d’entreprise est dans toutes les presses. Effet de mode ou modèle prometteur ?
Ce livre présente comment Norsys, une ESN, Entreprise de Service Numérique et de conseil engagée, fondée par Sylvain Breuzard, a évolué vers ce modèle vertueux d’entreprise qu’est la permaentreprise. Il explique de quelle manière l’intégration des trois principes éthiques (Prendre soin de l’humain, de la planète et partager équitablement) et les 12 principes de conception issus de la permaculture ont permis à Norsys d’aller plus loin dans sa vision et ses exigences tout en lui donnant également des outils pour évaluer et monitorer ses progrès. Il pose un cadre, illustre et explique ses propos, suggère les bonnes questions à se poser et propose 23 objectifs d’impacts exigeants.
Ainsi, Norsys a évolué jusqu’à atteindre un modèle d’entreprise viable, donc rentable, et vivable car régénérateur. Ce modèle a été expérimenté sur le terrain avant d’être modélisé pour finalement délivrer ces enseignements sous forme de guide pratique et méthodologique avec ce livre.
Un terreau fertile
A l’origine, Norsys fonctionnait comme une sorte de laboratoire social testant une notion de « Performance globale », développée, alors que Sylvain Breuzard présidait le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD). La « Performance Globale » se trouvait être un juste équilibre entre les différentes problématiques économiques, sociales et environnementales. L’idée était de dépasser la seule performance économique et d’intégrer les besoins ou attentes des parties prenantes (investisseurs, salarié.e.s, partenaires, consommateurs,…) ainsi que les contraintes environnementales sans obligations. Une progression motivée par une conviction et une volonté.
Il a milité il y a plusieurs années pour développer le statut d’entreprise à mission, également expérimenté chez Norsys. Suite à ça, un conseil éthique a été créé, permettant de réaligner les outils internes sur des indicateurs métiers.

Norsys est labelisée « Great Place to Work » puis ISO 26000 mais rapidement les limites se font sentir, une fois le niveau « Exemplaire » atteint, quoi faire de plus ?
Norsys est devenue B corp avec 88 points, certification exigeante offrant une marge de progression pour atteindre les 200 points, mais là encore il souhaite aller plus loin. Norsys devient ensuite société à mission. Apparaît alors, logiquement, ce modèle de Permaentreprise permettant de se dépasser tout en rendant des comptes puisque les agences norsys sont auditées tous les deux ans et les engagements du groupe sont communiqués de manière transparente.
Adieu RSE, bonjour Permaentreprise ?
Comme évoqué, les stratégies RSE mises en place peuvent rencontrer des limites lorsque :
- La direction reste éloignée des décisions et actions mises en place. Le service RSE ou la personne en charge travaille souvent seule, avec un budget restreint alors qu’elle a besoin de la direction et de transversalité car la RSE touche tous les services de l’entreprise. Celle-ci est souvent cantonnée au service « développement durable » s’il y en a un. Citons par exemple les engagements ou valeurs qui vont être sur une page du site web alors qu’ils devraient se retrouver partout sur le site jusque dans son éco-conception.
- Cette direction étant peu ou pas impliquée, les changements « en profondeur » comme repenser le modèle économique de l’entreprise ou des produits phares sont donc exclus. Les modèles d’affaires ou les stratégies ne sont pas questionnés, seules des actions « disparates » sont mises en place. D’après le baromètre salariés et entreprises responsables de 2020* Seuls 8% des répondants pensent que la RSE a impacté le business model et 4% qu’elle a conduit à la création de nouvelles offres responsables. Nous sommes donc plus dans la réparation que dans la prévention des dommages. Ainsi, certains gros pollueurs ne vont pas s’interroger sur comment moins polluer mais vont compenser en plantant des arbres ou via des dons, alors que réflexion et actions doivent aller de pair.
- Le greenwashing est un risque important lié à la RSE et s’il est dénoncé et reconnu par le Jury de Déontologie Publicitaire (JDP) peut faire l’objet de condamnation. Nombre d’entreprises ont (trop) communiqué sur des actions à la marge au vu de leurs activités néfastes pour la planète, trompant ainsi « par omission ». Ainsi, dernièrement, une banque placardait une communication sur sa nouvelle carte bleue verte, enfin blanche faite en matériaux recyclés. Une action (de communication) disproportionnée au vu des investissements effectués dans les énergies fossiles par cette même banque.
La méthodologie en 5 étapes proposée pour une mise en place du modèle de Permaentreprise éloigne ces risques puisqu’elle intègre la direction et les parties prenantes dès la première étape, qui s’accordent ensuite sur une raison d’être qui se concrétisera à travers la définition d’enjeux et d’actions ambitieux, pour lesquels la transparence est de mise.
Des idées inspirantes à relever chez Norsys
- La création d’une université d’entreprise avec un parcours de formation adapté au métier pour partager la vision et l’appliquer de manière opérationnelle. Une formation de 15 à 20 jours sur 3 ans, permettant de former à l’excellence, d’assurer l’employabilité des salarié.e.s, sous forme de « promo » afin de créer des liens et une vie inter-agences pour un coût maîtrisé puisqu’elles sont conçues et réalisées en interne. Ceci illustre bien une des idées de la permaculture qui est que « Chaque élément a plusieurs fonctions ».
- Un engagement fort des salariés se traduisant par un turnover (6%) ou un taux d’absentéisme (4 jours/ an) très faibles mais aussi la création, par les salariés, d’une communauté de Green makers. Soit des salarié.e.s investi.e.s pour contribuer positivement à la transformation de leur entreprise. Ces personnes vont par exemple travailler avec le service achats de l’entreprise pour les accompagner dans la mise en place d’une politique d’achats responsables en apportant leurs connaissances sur la réparabilité, le réemploi, le reconditionnement ou encore les acteurs responsables à privilégier (près de chez eux).
- La naissance d’un nouveau métier « L’écolonomiste », qui va être un.e consultant.e capable d’avoir une approche sobre dès l’annonce de la problématique sur les projets internes et clients. Il est toujours plus facile (et souvent moins couteux) de bien faire dès le début.
Merci à Guillaume Mocquard, Directeur de l’agence Norsys à Tours pour notre échange éclairant sur Norsys et son application concrète du modèle de Permaentreprise.
Pour en savoir plus sur Norsys, vous pouvez consulter leur site web. Si vous souhaitez consulter ce livre sur la permaentreprise, vous pouvez l’emprunter, demander à votre entreprise ou à votre médiathèque de le commander pour qu’il circule entre de plus nombreuses mains ou encore l’acheter chez votre libraire (et non sur de grandes plateformes peu éthiques dont je tairais le nom).
Et si vous souhaitez en savoir plus sur l’application des principes de la permaculture à votre structure, vous pouvez également me contacter !
*Srce : Baromètre Ekodev, des enjeux et des hommes et Occurence