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Boutures d'objets en Sketchnote

Boutures d’objets, la rencontre entre le déchet et le design

Laurence Saugé, d’origine orléanaise, a créé Boutures d’objets, une maison d’édition design. Elle prouve ainsi que les matériaux recyclés peuvent donner naissance à de beaux objets. Une alliance parfaite entre économie circulaire et luxe.

Avec Boutures d’objets, Laurence travaille en collaboration avec des designers et des producteurs locaux qui transforment les déchets pour éco-concevoir des objets esthétiques Made In France et en petites quantités mêlant ainsi innovation, design et respect de l’environnement.

Elle a accepté de répondre à quelques questions pour nous permettre de mieux comprendre son chemin et ses engagements. 

Laurence, si une saison devait décrire ton état en ce moment, tu serais plutôt : Printemps/ Eté/ Automne/ Hiver ?

Printemps ! Je me reconnais dans toutes ces fleurs qui sortent avec de nombreuses idées en phase d’éclosion.

Et ton entreprise ?

Peut-être l’hiver parce que ce n’est pas encore très développé mais il y a des choses qui sont plantées et qui vont bientôt germer.

Peux-tu nous parler de tes premiers pas en tant qu'entrepreneure ?

Tout s’est fait très progressivement. Je n’ai pas l’impression d’être passée d’un statut de salariée à celui d’entrepreneure d’un coup. Par contre, j’ai eu l’impression de me réveiller, de réaliser que j’étais assoupie en tant que salariée. J’ai découvert pleins de choses. Un réveil, une impression d’apprendre, une découverte permanente. 

Laurence, peux-tu nous présenter ton activité en un dessin ?

Boutures d'objets en Sketchnote

Tu as choisi d'intégrer une dimension durable dans ton activité, peux-tu nous dire pour quelles raisons ? Quel a été ton déclencheur...s'il y en a eu un, sinon ce qui t'a motivé.

Depuis mes années étudiantes j’avais dans l’idée de travailler sur un projet plus écologique autour des matériaux et ça s’est fait progressivement.
Au bout de  deux ou trois ans d’expérience, j’ai voulu me lancer dans la mode équitable, travailler avec les cotons bio. Le côté conception, fabrication m’intéressait…mais ce n’était pas le moment. Je n’étais pas prête.
Et puis, dans mon dernier emploi, j’ai commencé à travailler sur des problématiques d’écoconception sans que ce soit très concret en termes de résultats. 
L’année où je me suis lancée, j’ai trouvé une formation à Orléans autour de la création d’entreprise orientée vers l’innovation et l’écoconception et en parallèle je voyais des collègues qui partaient…Alors, je me suis dit, j’y vais, je me lance. J’ai de l’expérience, c’est le moment. Pas de déclic particulier du jour au lendemain juste un chemin de pensée.

« Si je veux faire le métier de mes rêves, il faut que je me l’invente »

Quels ont été tes "premiers pas verts" ? Par quoi as-tu commencé ?

Mon premier pas a été de rencontrer des start-up qui créaient des matériaux recyclés. C’est ma matière première pour ensuite inventer des projets. Mon deuxième pas a été de rencontrer des designers et de leur présenter ces matériaux pour imaginer des choses avec eux.
Aujourd’hui, on les fait en petites séries mais si demain on voulait produire plus, techniquement c’est possible, c’est pensé pour être reproductible.
L’idée est bien sûr de pouvoir les faire en série pour avoir le plus d’impact.

Boutures d’objets fonctionne comme une maison d’édition puisque les designers nous cèdent leurs droits pour que nous puissions ensuite produire ici ou ailleurs.
Par exemple,  un de nos fabricants qui est dans le nord, a un savoir-faire, une technique spécifique. Il est le seul à avoir ce procédé. Il aimerait disséminer localement avec des processus de production assez low-tech facilement duplicables pour s’implanter ensuite au plus proche des sources de déchets. Precious Plastic se développe un peu comme ça et il y a une antenne en Touraine pour exploiter les déchets localement.
A terme, on pourrait imaginer des déclinaisons en régions avec les déchets trouvés localement.

Intégrer une dimension durable est un vrai challenge. Peux-tu nous partager quelques difficultés rencontrées ? Et comment tu les a surmontées ?

Des difficultés j’en ai rencontré pas mal mais finalement c’est plutôt lié à l’activité d’entrepreneure en soi comme par exemple la partie commerciale. Une difficulté à convaincre. Je distribue aujourd’hui auprès de boutiques indépendantes, le côté environnemental les intéresse mais ce n’est finalement pas encore la priorité. La difficulté est liée au prix. Il faut convaincre qu’on travaille des matières avec des process innovants, en france, en petite série avec des créations designers originales.

Au démarrage, ce qui a été difficile aussi, ça a été de présenter mon projet auprès d’institutions, par exemple pour obtenir un prêt d’honneur.

J’ai voulu entrer en couveuse d’entreprise mais mon projet était trop innovant, il ne rentrait pas dans les cases. Il y avait trop d’intervenants (fabricants, designers,…). Je ne suis donc pas rentrée en couveuse et n’ai pas obtenu de prêt d’honneur, c’était trop compliqué.
C’est important de savoir parler de son projet, de savoir le vendre.

Fleurs Fleurs Fleurs & boutures d'objets
Photo @Fleursfleursfleurs

Est-ce que tu as été soutenue ou accompagnée dans ton projet ?

J’ai commencé par une année de formation avec différents intervenants puis j’ai été accompagné par Orléans Val de Loire Technopole et le Lab’O, Village by CA.

Il y a eu également le « French Design », association de promotion du Design à Paris, qui m’a soutenu avant même que l’entreprise soit créé et qui m’a permis de rencontrer les designers avec lesquels je travaille.

Et enfin, cette année je suis dans le programme d’incubation du French Design pour un projet spécifique. 

On peut dire que tu as réussi, quelles sont pour toi les clés de ta réussite ?

Je ne sais pas si on peut dire que c’est un succès, un succès commercial mais en tout cas, j’ai de la reconnaissance. J’ai de bons retours oui.
Le fait d’y croire est important pour réussir. Il m’arrive de me dire que finalement tout le monde fait ça, du recyclage mais en réalité c’est vraiment innovant. Proposer ces matériaux inédits sur ces objets, ça reste assez rare. Il y a quelques initiatives de recyclage autour du bois, d’autres autour du plastique.

De quoi es-tu la plus fière ?

De tout ! D’avoir fait tout ça. Avec le recul, je suis capable d’avoir une vision sans être designer. Je me dis que je dois être un peu artiste. (Rires)

Je suis très fière de tout ce que j’ai déjà pu accomplir.

Quel premier pas vert conseillerais-tu à un.e entrepreneur.e ?

Quand on crée on part d’une feuille blanche, contrairement au monde de l’entreprise où tout est déjà figé, où quelqu’un qui  n’acceptera pas le changement c’est toujours plus compliqué.

Quand on crée, c’est le moment d’intégrer cette dimension verte. Je sais qu’ aujourd’hui il y a des choses que je n’ai pas faites et qui vont être plus difficiles à mettre en place comme par exemple sur la partie numérique avec un hébergement « green » qui peut être plus écologique. 

Et comment te sens- tu en ayant intégré cette dimension ? Pleine de sens ? Comme une militante ?

(Rires) Non, je ne me sens pas encore militante mais en tout cas c’était évident d’intégrer cette dimension, ça allait de soi. Je ne suis jamais revenue dessus.

Par exemple, nous voulions faire des photophores avec du verre comme celui des laboratoires mais c’était du verre non recyclable donc nous avons abandonné cette idée pour passer sur du verre de bouteille de vin. Il y a des compromis que nous ne faisons pas.

Aujourd’hui il y a encore des choses qui pourraient être améliorées mais on avance.

Quel sera ton prochain pas vert/vers demain ?

Solarium_Valerie
Solarium - photo @ Valérie Windeck

Aller encore plus sur des matériaux complètement biosourcés voir biodégradables sachant qu’il y a toujours cette question entre le durable et biodégradable. Il faut réfléchir aux usages parce que choisir un matériau biodégradable pour l’extérieur ce n’est pas la meilleure solution puisque ça ne s’inscrit pas dans la durabilité puisqu’il faudra le refaire tous les six mois. Si par contre, on imagine ça pour un décor ou un mobilier de festival, peut-être que ce sera pertinent. Toute cette dimension sur les usages est à intégrer de plus en plus, comme pour du packaging qui a finalement un usage éphémère, comment intégrer plus de matières biodégradables.

Pour finir, peux-tu nous dire quel est ton petit plaisir honteux pas du tout écolo ?

Il y en a encore pleins mais réfléchir sous la douche chaude sans compter mon temps, c’est vraiment mon petit plaisir.

Pour conclure, je ne peux que remercier Laurence du temps accordé mais aussi de son implication et de sa motivation sans failles à vouloir transformer nos modes de consommation en transformant nos déchets en des objets design utiles et beaux.

Pour en savoir plus, rendez-vous : 
– sur son site : https://boutures.fr/a-propos/

–  sur son compte instagram très inspirant : https://www.instagram.com/boutures/

Et si vous souhaitez intégrer ses « Boutures d’objets » dans vos boutiques ou sur vos sites, contactez-là !

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